S'en prendre à Harry Potter demande sans doute plus de courage que le défendre, et dénote aussi plus d'ambition. Encore faut-il ne pas s'en remettre à la seule «grâce de ses dons naturels», mais lire les livres. Il est facile, en piquant çà et là quelques détails ou même en les inventant, de tailler un héros et un auteur à la mesure de sa démonstration.
L'accusation de sexisme, d'abord, totalement infondée, sauf à considérer que bien travailler à l'école est une valeur ringarde et à ignorer qu'Hermione, tout en ayant le nez plongé dans les bouquins, est traversée d'intuitions fulgurantes. Elle s'empresse bien sûr d'aller les vérifier à la bibliothèque. (Mais la fréquentation assidue de tels lieux ne peut être qu'un stéréotype conservateur !) La même Hermione joue un rôle déterminant dans l'apprentissage de certains sortilèges par Harry. Et je passe sur la mixité des équipes de Quidditch, le sport des sorciers.
L'analyse bancale de l'organisation de l'école en maisons est elle aussi à peine digne d'une copie de concours roublarde. Les Poufsouffles sont des nigauds besogneux ? Mais qui, dans le tome 4, est choisi pour représenter l'école dans le tournoi de sorcellerie ? Un Poufsouffle ! Et l'équipe de Quidditch de Poufsouffles n'a-t-elle pas en d'autres temps battu les Gryffondors ? Pierre Bruno voit dans les caractéristiques de trois des quatre maisons un rappel de la société d'ordres. Pourquoi pas, mais que dire alors des dragées surprises de Bertie Crochue, une des friandises