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Libération

Les vestiges de la «première gauche»

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publié le 26 janvier 2001 à 22h10

Lionel Jospin peut remercier Ernest-Antoine Seillière. La charge de cavalerie lourde lancée par le Medef contre la retraite à 60 ans a miraculeusement détourné l'attention. Mieux: le gouvernement a pu ainsi resurgir en ultime bouclier des salariés, alors que, depuis le début de l'année il redevenait en réalité la cible principale des syndicats. L'offensive fracassante du patronat permettra peut-être au Premier ministre de canaliser l'éternelle rechute d'une fraction consistante de la gauche politique et sociale qui retrouve en chaque occasion les réflexes surannés du début des années 80. Cela venait justement d'être très perceptible avec l'échec des négociations au sein de la fonction publique. Michel Sapin, disposant d'une marge financière modeste mais comparable à celle qui avait permis de signer l'accord précédent avec la majorité des syndicats, avait tenté d'innover et de moderniser. Puisqu'il ne pouvait que garantir le pouvoir d'achat global, il avait voulu le faire au moins sur la durée, prenant des mesures spécifiques en faveur des bas salaires et améliorant le système des promotions. Au sein de la fonction publique, le gouvernement Jospin a donné en fait la priorité à la réduction de la précarité par une politique de titularisations (judicieuse) et au maintien (contestable) du nombre des postes effectivement occupés. Chaque année, la masse des dépenses en personnel de la fonction publique (salaires et pensions) augmente automatiquement de 2 %, avant toute mesure. Ces