Inexorablement, le «bilan humain», comme on dit, du tremblement de terre qui a déchiré l'Etat indien du Gujarat, croît; notre appréhension de ce drame lointain s'en trouble, mais au vrai, c'est toujours pareil. Ça commence, le plus souvent, avec la radio, qui, par le fait d'un décalage horaire avant que d'être économique, fait débouler d'un coup des tiers-mondes dans nos chambres à coucher. Nos semi-veilles ou semi-réveils s'emplissent alors de foules de miséreux indiens, colombiens, turcs, arméniens ou chinois c'est selon les lignes de fracture, les «failles». Ainsi de cette catastrophe-là: vendredi, au premier flash, 230 morts, bientôt multiplié par 100. Mais, comme des famines africaines ou des guerres balkaniques, on se lasse bientôt de ces images étrangement semblables de corps blafards et d'immeubles effondrés. Pour nous réveiller la compassion viennent alors «les secours qui s'organisent», en un pittoresque défilé de techniciens très spécialisés, où le chien, ce plus que jamais «meilleur ami de l'homme», tient incontestablement la vedette. A voir débarquer en avion ces renifleurs, le poil lustré et la truffe fringante, on sent bien qu'entre eux et leurs «maîtres-chiens» en treillis marine frappé de tricolore la relation n'est pas sottement mirlitaire, mais terriblement «humaine». Et tout de même que le berger est allemand, l'engin est «de levage» et l'hôpital «de campagne»: dans la profusion des uniformes s'improvisent sur les tarmacs d'implicites concours de secour
Banalités telluriques
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par Pierre Marcelle
publié le 31 janvier 2001 à 22h19
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