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Libération

Je suis mort.

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publié le 6 février 2001 à 22h37

Pour établir que ledit «principe de précaution» peut, à la manière de son frère aîné «politiquement correct», être source de vertigineuses prises de tête, une anecdote comme un signe des temps. Afin de la vérifier, tant elle sembla incroyable, on la reproduisit expérimentalement en appelant, dimanche, le centre parisien antipoison; le but était de s'enquérir de ce qu'il convenait de faire, en cas de bris incidentel d'un antique thermomètre à mercure. Autant le dire: les procédures sont lourdes, et l'impression qui s'en dégage, mitigée.

La pipette de verre ayant censément été cassée dans une salle de bains, il importait d'abord, et dans les meilleurs délais, de répandre sur le poison (ainsi que sur tout ce qu'il aurait souillé) «de la fleur de soufre», et, par ce moyen, l'agglomérer. «Idéalement», bien sûr, nous précisa notre aimable interlocuteur, car la fleur de soufre se procure en pharmacie, et les pharmacies, le dimanche... Rassembler le toxique ainsi récupéré, l'enfermer dans un sac qu'on confiera à une déchetterie ou pharmacie ­ «normalement», bien sûr, car les pharmacies, le dimanche... Surtout, ne pas se mettre en tête d'utiliser l'aspirateur domestique: il n'y survivrait pas; mais surtout, surtout, en cas d'épandage du terrifiant élément Hg dans la cuve du lavabo, ne pas s'aviser de le chasser dans les tuyaux en y versant de l'eau chaude: des vapeurs d'autant plus pernicieuses que «pas forcément visibles» seraient susceptibles de gravement polluer l'atmosphère («Et d