Mont du Temple contre esplanade des Mosquées, excroissance face à la platitude, unité ou pluriel? Le conflit israélo-palestinien, et donc israélo-arabe, semble se focaliser sur cet espace sacré. Si le monde musulman a toujours adopté un discours très clair quant à son troisième lieu saint, Israël bégaye.
Le juif moderne aborde l'unique lieu saint de son patrimoine avec une très certaine réticence, comme une rencontre inéluctable et redoutée. Lors des négociations de paix, on a même vu apparaître du côté israélien le concept surprenant de «souveraineté souterraine». Désormais maître de son destin national, le juif affirme ses droits mais les cache, il tâtonne. Cette attitude inquiète les Palestiniens qui voient là une manoeuvre sioniste pour remonter à la surface par les énigmatiques tunnels creusés dans les vestiges d'un passé évacué, comme autant de méandres d'une identité qui se cherche et qui les menace. Car, pour l'islam, il ne peut exister une autre réalité qui aurait précédé son avènement. Avant le Prophète régnait la jahilyah, la «barbarie». Exit le temple et ses mythes.
Ce rapport à l'autre renvoie l'Israélien à lui-même, à une conscience, politique ou révélée. Quand, en juin 1967, le général Motta Gur annonce: «Le mont du Temple est entre nos mains», il affirme surtout une victoire militaire écrasante sur la précarité de la vie juive pendant deux mille ans d'exil. C'est sur ce lieu et à ce moment que l'Etat juif fait la preuve, par l'armée, de sa force. Il existe un «