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Libération
TRIBUNE

Haïti: deux ou trois raisons d'espérer

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par Béatrice POULIGNY
publié le 13 février 2001 à 22h52

Jean-Bertrand Aristide est revenu, le 7 février, à la tête d'un pays exsangue et au bord de l'explosion. Les événements de ces dernières années ont manifesté l'aggravation des clivages traversant la société haïtienne et l'ampleur des dérives mafieuses et violentes. Plus que jamais, Haïti est, comme le dit l'homme de la rue, yon machin ki pa gen chofè (une «voiture sans pilote»), l'Etat une coquille vide, ses fonctions essentielles étant accaparées par des logiques privées qui prennent notamment le visage d'ONG ou de véritables mafias organisées, liées en particulier au trafic de la drogue et de plus en plus contrôlées par de «nouveaux riches» issus de la diaspora. Elles représentent aujourd'hui les secteurs les plus florissants de l'économie haïtienne. Ces dérives ont été alimentées par des décennies d'une économie exclusivement basée sur la prédation et quatre ans d'embargo international qui ont fini de la ruiner. La vacance constitutionnelle du pouvoir, depuis juin 1997, n'a fait qu'aggraver ce processus, en ralentissant considérablement les programmes d'aide.

Cette criminalisation de l'économie alimente également une partie de l'insécurité d'un type nouveau qui s'est développée ces dernières années. Autrefois principalement le fait d'un appareil répressif, la violence émane aujourd'hui d'acteurs divers (parmi lesquels des policiers) participant aux réseaux politico-mafieux. Une partie des anciens soldats s'est également reconvertie dans le banditisme, parfois en associatio