«Libération» a publié le 9 février dans ces pages une contribution des écrivains Alain Dugrand, Jean Kehayan et Gilles Perrault critiquant le vote par les députés d'une loi reconnaissant le génocide arménien de 1915 «sans l'imputer à qui que ce soit». Selon eux, cette démarche renforcera le «délire turquiste» et desservira les efforts des démocrates turcs. Nous publions un courrier critiquant cet article et la courte réponse d'un des auteurs.
Est-ce parce qu'ils se sont mis à trois que le texte signé par Alain Dugrand, Jean Kehayan et Gilles Perrault est ainsi truffé d'erreurs, de non-sens et de contradictions ? Eux qui n'ont jamais publiquement dénoncé le génocide arménien ni le complot du silence qui l'a entouré pendant des décennies se piquent de réagir pour... condamner sa reconnaissance par la France le 18 janvier, réduisant ce geste à caractère historique à une basse manoeuvre électoraliste. Contre toute attente, ce triumvirat prétend que cette reconnaissance du génocide arménien «dessert les Turcs démocrates» et «renforce le clan militaro-nationaliste». On croit rêver ! Ces belles âmes peuvent-elles nous expliquer en quoi le silence international sur le premier génocide du siècle pendant plus de quatre-vingts ans a-t-il aidé la cause de la démocratie en Turquie ? Les authentiques démocrates turcs, ceux qui risquent leur liberté ou leur vie (...), ont encouragé le Parlement français dans sa démarche. Nos brillants auteurs connaissent-ils seulement les noms de Ragip Zara