Alors apparut ce mot de génome, et l'homme cessa d'être tout à fait une sorte de miracle. La métaphysique, la spiritualité, Dieu et tous ses épigones devraient se réfugier ailleurs. L'ADN séquencé, l'hérédité maîtrisée, crut-on, tous les Folamour, les Mabuse et les Frankenstein, passant de fiction à la Science majuscule, seraient bientôt en mesure de bricoler l'humanoïde, et pas forcément dans le but de faire s'épanouir l'humanité en des lendemains radieusement thérapiques. La genèse de la grande découverte, qu'illustra si bien sa mise en scène aux relents nauséeux de course au jackpot, par et pour le privé américain Celera, laisse bien plutôt augurer le pire. Heureusement, par chez nous, le politique veille: tandis que la recherche galope sur tous les fronts, le politique se croit encore en mesure d'ordonner le pas du savant sur celui de ses impératifs civiques quelque chose qui aurait vaguement à voir avec une morale. Il se dit, le politique, que les ordinateurs au service du dénombrement des juifs, plus jamais ça! Avec une candide, mais admirable sincérité, le politique estime qu'un texte de loi, sans doute, aurait pu empêcher la bombe après la découverte de l'atome... Un peu comme vous vous souvenez? une Commission nationale informatique et libertés aurait dû préserver, de façon quasi automatique, la vie privée du citoyen. La bonne blague! Cinq siècles après Rabelais, le politique prêche que «science sans conscience n'est que ruine de l'âme», mais c'est pour de rir
Comment le légiférer?
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par Pierre Marcelle
publié le 19 février 2001 à 23h01
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