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Libération
TRIBUNE

Sur le Net, copier n'est pas voler

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par Ariel Kyrou
publié le 23 février 2001 à 23h07

Que Jean-Marie Messier profite du Milia, grand marché du multimédia à Cannes, pour se faire le héraut de la lutte des «créateurs» contre les «pilleurs», le chevaleresque défenseur de la propriété intellectuelle contre ces gueux de Napster, on se dit: il les mesure en dollars, les créateurs? Mais on ne peut s'empêcher de penser: diable qu'il est malin le petit Dieu de Vivendi-Universal...

Lorsque, en revanche, ce même 12 février 2001 en ce même lieu de débauches virtuelles, Lionel Jospin se lance dans une vibrante tirade contre ces «craqueurs» de jeux» au «comportement prédateur inacceptable», on s'étonne d'une si troublante proximité...

Enfin, le 14 février 2001 au Parlement européen, Axelle Red se met à chanter en choeur avec messieurs Messier et Jospin, on en avale son «e-dentier». Et l'on écoute avec stupeur les paroles de son blues déchirant: la complainte de la pauvre star déshabillée par les hordes de pirates numériques, par ces quelques 55 millions de napstériens s'échangeant le sel de la pop entre bandits sur le réseau, sans obole verser aux respectables sociétés d'auteurs.

Mais de qui parlons-nous? De quels «prédateurs»? De quels «pilleurs»? Messieurs, Madame, vous parlez bien de ces adolescents et de ces étudiants qui pompent et se refilent des bribes de musique ou de jeux vidéo par le Net? Vous êtes sûr de ne pas vous tromper de cibles? De confondre l'ami qui enregistre gratos pour ses potes et le vilain qui, en cours de récréé, revend à 60 balles des CD piratés? Ne