Le ralentissement de l'économie américaine est intervenu, à partir du milieu de l'année 2000, dans une situation de très fort endettement des entreprises américaines. La situation financière de celles-ci se dégrade assez rapidement: en 2000, il y a eu cinq fois plus d'entreprises downgradées (qui ont eu leur notation révisée à la baisse par les agences de rating) que upgradées (hausse du rating). La dégradation se concentre dans les entreprises de plus mauvais rating (qui ne sont pas seulement, de loin, des sociétés Internet), pour lesquelles on atteindra un taux de faillite de 9 % en 2001, après 6 % en 2000, mais 2 % seulement en 1996-1997. Les banques étant lourdement engagées à l'égard de ce type d'entreprises, les marchés financiers s'inquiètent. De ce fait, les conditions d'emprunt des banques se détériorent massivement. Elles aussi sont confrontées à des taux d'intérêt beaucoup plus élevés sur leurs émissions, ce qui réduit leurs marges bénéficiaires d'intermédiation et les conduit à réduire l'offre de prêts à toutes les entreprises, y compris celles de bonne qualité.
Il faut d'abord se demander si la qualité des actifs des banques américaines est aussi mauvaise que celle que les marchés imaginent. Même si ces marchés sont trop pessimistes, certains éléments inquiétants apparaissent. Les banques détiennent, en 2000, 100 milliards de dollars de prêts syndiqués, sur des emprunteurs défaillants, soit 5 % de l'encours de ces prêts. L'encours de dette très risquée (high yiel