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Libération
TRIBUNE

Fractures à haut débit

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par Bernard BENHAMOU
publié le 27 février 2001 à 23h11

Au moment où d'immenses campagnes publicitaires nous vantent les bienfaits de l'Internet rapide et que ces thèmes sont repris dans les discours électoraux, que pouvons-nous attendre de ces technologies? Alors que nous assistons aux premiers signes d'essoufflement de la croissance du nombre des internautes aux Etats-Unis, l'immense majorité des utilisateurs s'y connectent encore par des liaisons téléphoniques classiques. En France, ce chiffre s'établit entre 95 et 97 %, et les études les plus optimistes estiment qu'en 2005 aux Etats-Unis environ un tiers seulement des utilisateurs se connecteront via des liaisons rapides. Quels que soient les efforts des opérateurs les internautes se connecteront en majorité sur des liaisons téléphoniques classiques. Et les liaisons rapides de type ADSL, câble et UMTS, augmenteront les risques de fractures numériques plus qu'elles ne les réduiront.

Fracture géographique d'abord, avec d'importantes zones qui resteront non couvertes (pour des raisons techniques ou économiques). Fracture sociologique ensuite, avec un profil des internautes français encore majoritairement masculin, à haut niveau d'éducation et de revenus. Enfin fracture technologique dans l'architecture même de l'Internet. En effet, ces technologies d'accès rapides ont en commun de permettre un débit important vers les abonnés mais une «voie de retour» nettement plus lente. Ce qui signifie que l'on rétablit la notion d'un émetteur privilégié et de nombreux récepteurs passifs. Or c