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Libération
TRIBUNE

Quand l'Etat se dilue, l'asile en pâtit.

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par François TERRE
publié le 6 mars 2001 à 23h53

La volte-face du gouvernement à l'égard des Kurdes irakiens échoués sur les côtes varoises prêterait au ridicule s'il ne s'agissait pas d'une cargaison malheureuse rappelant, s'il en était besoin, la tragique traversée d'Exodus. On entend d'abord François Hollande leur déniant «l'espoir d'une intégration en France». Et Lionel Jospin dénonçant des «entreprises criminelles de transport» clandestin. Puis tout change: Daniel Vaillant, ministre de l'Intérieur, par sondage éclairé, entend reconnaître aux intéressés, «se disant originaires du Kurdistan irakien»... mais dépourvus de papiers, un statut de demandeurs d'asile. Pour que le tableau fût complet, il ne manquait plus, en termes de cohabitation, qu'un coup de clairon de l'Elysée. Il y a dans tout cela une ignorance abyssale, qui confond les esprits les mieux attentionnés quant à l'entrée et au séjour des étrangers en France. Quand il s'agit du droit d'asile, c'est pour le moins regrettable.

Une belle confusion, au départ ou plutôt à l'arrivée de l'East Sea sur les côtes varoises. Sa clandestinité, au demeurant déplorable, détourne l'opinion vers tout un ensemble de règles relatives à l'immigration clandestine et au marché du travail. Mais là n'est pas la question. A interroger ces Kurdes, on comprend qu'il ne s'agit pas, pour l'heure, de demandeurs d'emploi, pas plus que d'accès dans les écoles avec ou sans foulard islamique. Là où la clandestinité est surtout condamnable, c'est en ce que des intermédiaires, aujourd'hui incon