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Libération
Critique

Pour un chercheur ludique

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publié le 7 mars 2001 à 23h54

Style policé, pensée affûtée. C'est l'homme, Pierre Joliot, et c'est le court essai qu'il vient de publier, sorte de vade-mecum pour ministre de la Recherche en quête d'un chemin pour la réforme. Celle d'un système scientifique qui doit concilier l'organisation, les grands équipements, le souci des deniers publics et, c'est le credo de Pierre Joliot, «liberté, créativité, inventivité, plaisir esthétique», sans lesquels la recherche fondamentale risque d'étouffer.

Une contradiction que Claude Allègre a voulu trancher à la hussarde, avec l'insuccès que l'on sait. Elle n'en demeure pas moins. D'où l'intérêt de cet essai, qui provient du coeur du sérail.

Pierre Joliot a de la famille ­ les quatre prix Nobel de ses grands-parents, Pierre et Marie Curie, et de ses parents, Frédéric et Irène Joliot-Curie. Et aussi des titres.

Professeur au Collège de France, médaille d'or du CNRS, membre des académies des sciences américaine et française, le biophysicien, spécialiste de la photosynthèse, est aussi connu de ses collègues chercheurs que sa discrétion l'a éloigné du grand public.

Pourtant, il ne nous parle ni des grands savants ni des grands programmes. Son souci, c'est le «jeune chercheur». Qu'il voit écrasé par une évaluation «quantitative», au nombre d'articles publiés, qui conduit à privilégier les sujets peu originaux.

Brimé par des patrons de laboratoire qui ajoutent leur nom sur leurs recherches. Contraint par des objectifs de «rentabilité à court terme» à ne toucher qu'aux domaines