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Libération
TRIBUNE

S'autoriser l'autorité

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publié le 7 mars 2001 à 23h54

«Bonne nouvelle»: les parents débordés par les empoignades avec leurs jeunes vont recevoir de la loi une aide massive. L'Etat leur lance un message majeur: «Ayez de l'autorité!» Opposez votre «autorité» à ces actes «incivils», à cette violence des jeunes, etc. Eh oui! il suffisait d'y penser.

Or ce sont justement les jeunes qui aimeraient bien avoir des parents «autorisés», c'est-à-dire chargés d'autorité, la vraie, dont l'étymologie dit que c'est la capacité d'être «auteur», auteur de ses oeuvres, de sa présence, de sa création, des liens qu'on trame avec les autres, avec le monde... Les jeunes et les moins jeunes aimeraient bien des parents chargés de cette «auteurité». L'autorité, c'est de pouvoir prêter appui, parce que soi-même on en a un dans les forces de vie (et pas chez le supérieur hiérarchique ­ qui se cache derrière le sien, et ainsi de suite jusqu'au «premier», qu'on change de temps à autre pour que rien ne change). Les jeunes ­ et les enfants ­ sont furieux de n'avoir pas devant eux une instance qui s'autorise; et de voir que le tenant de l'autorité n'a aucun appui dans la vie ou que son appui c'est sur eux-mêmes qu'il l'exerce, et qu'il pèse de tout son poids, pour en avoir, du poids.

En face, côté adulte, c'est la même souffrance: les tenants de l'autorité (parents ou autres) sont mortifiés d'être impuissants à la soutenir, incapables de s'autoriser à y être vivants; ulcérés de voir que l'autorité qu'on attend d'eux, en tant que rayonnement de vie, est un habit