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Libération
Critique

Histoires et mythes du vote

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publié le 10 mars 2001 à 23h58

L'idée est intéressante : rassembler en un seul ouvrage l'analyse de toutes les notions qui se rapportent, de près ou de loin, au vote. Elle a accouché d'un épais volume d'un millier de pages, le Dictionnaire du vote (1), sous la direction de Pascal Perrineau (directeur du Centre d'étude de la vie politique française) et de Dominique Reynié (professeur à l'Institut d'études politiques de Paris). L'objet n'est pourtant pas facile à cerner. Le vote ne se réduit pas à l'élection politique. C'est une très vieille technique de résolution des conflits et de consolidation d'un groupe social employée dans des contextes et dans des buts très divers. Ce dictionnaire en fournit quelques illustrations, qu'il s'agisse des élections à l'Académie française ou des étranges scrutins qui déterminent l'attribution des prix littéraires.

Dans sa préface, René Rémond évoque l'«universalité du phénomène». Est-ce si sûr ? Certes, le livre le montre, on votait dans l'Orient ancien, et il est même arrivé que les stratèges soient élus à Athènes. Mais on remarquera que le principal pouvoir contemporain, celui qui s'exerce dans le cadre des entreprises, échappe largement au vote. Plus précisément, la seule forme de vote qu'il connaît est celle du «vote pluriel» où chacun pèse à mesure de ses caractéristiques propres. On fait ici allusion aux actionnaires. Pour le reste, c'est-à-dire pour les salariés, le principe autoritaire qui organise le pouvoir économique laisse bien peu de place au vote.

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