Je m'étais juré de ne pas écrire. De me taire. Ne désirant pas du tout me laisser prendre au piège de ce gigantesque déballage. Ni tomber dans cette gigantesque trappe. Daniel Cohn-Bendit m'y contraint. Je le regrette, parce que je sais que dans l'atmosphère actuelle, ce que j'écris va se retourner contre moi. Tant pis! Si un minimum de raison peut en surgir, ça en vaut la peine.
Pourquoi je parle de Cohn-Bendit? Parce que, dans son article, fort juste et bon au demeurant, du jeudi 8 mars, désirant, sans doute, se débarrasser avant tout de la grotesque accusation qu'on lui a collée sur le dos, il la refile à d'autres, en l'occurrence Guy Hocquengem et moi, à propos de «Co-ire», paru dans Recherches en 1977. Ce n'est pas moi, c'est l'autre. Certains de mes étudiants et étudiantes m'assurent que l'intention n'y était pas. Peut-être. Mais c'est ce qu'on y lira. Eh bien, soit! De quoi s'agit-il? Répondre serait tout un livre. Je le ferai en peu de mots.
Une note de Libé dans le même article appelle «Co-ire» «livre sur la liberté sexuelle de l'enfant». Non ; du moins pas exclusivement. Ce que nous avons écrit en 1977 concerne beaucoup moins la sexualité, qui est effectivement l'objet du discours dominant d'alors, que la situation, l'«institution» de l'enfance avec son encerclement disciplinaire de contrôle permanent, son installation dans le «panoptique», comme je l'avais déjà indiqué en 1974 dans Emile perverti. C'est dans ce cadre d'une pédagogisation intégrale que nous faisons a