Le débat qu'a relancé Jean-Luc Mélenchon dans les colonnes de Libération à propos des collèges nous change agréablement, par son intérêt et par la qualité des arguments échangés, de celui qui vit s'affronter, pendant de longs mois et si vainement, les pédagogues et les antipédagogues.

François Dubet, qui défend le principe de la filière unique, et Jean-Luc Mélenchon, qui le met en cause, se rejoignent pour refuser l'assimilation qui est faite par l'école, on a envie de dire depuis des siècles, entre enseignement technique et mauvais niveau scolaire. Dubet souhaite que l'on ne puisse plus dire à un élève : «Si tu restes aussi faible, tu finiras en techno.»

Mélenchon rappelle, de son côté, que la hiérarchie des savoirs dans la culture renvoie à une hiérarchie sociale. La réhabilitation de la culture technique dans l'éducation est réclamée, sans succès, depuis si longtemps, et les raisons de cet échec sont si bien connues qu'il peut sembler vain d'y revenir. Ce serait peut-être dommage.

L'exploitation sociale de la hiérarchisation des savoirs dans l'éducation renvoie en effet à une autre exclusion, celle de la technique du champ de la culture classique où, seul l'objet esthétique ayant droit de cité, l'objet technique se voit refoulé «dans le monde sans structure de ce qui ne possède pas de significations, mais seulement un usage, une fonction utile» (Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques). On peut aujourd'hui, en France, se dire et se sentir cultivé sans rie