Des dizaines de milliers de Parisiens radiés des listes électorales, des protestations toute la journée de dimanche, de multiples altercations, des juges débordés et, vérification faite, la plus formidable bourde faite depuis longtemps en matière électorale: la suppression de leur droit de vote, jusqu'en mars 2002, à d'authentiques citoyens français résidents de nombreux arrondissements de Paris et pas seulement le Ve arrondissement que le Conseil constitutionnel avait identifié le 20 février 1998 comme constituant un nid de fraude électorale.
Comment en est-on arrivé là? L'explication est simple et se lit dans les directives ministérielles et préfectorales.
Lorsque l'été dernier, à la suite de multiples interpellations des Verts jusque dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, le ministère de l'Intérieur se décide enfin, après un dernier combat d'arrière-garde, à réviser les listes électorales parisiennes, il ordonne que seul le cas des inscrits dont les cartes électorales ont été retournées en mairie en avril 2000 soit examiné. Ce faisant, il s'interdit toute vérification sur les «réseaux de fraude», identifiés par le Conseil constitutionnel et d'autres juges de l'élection, qui consistent à ne pas renvoyer la carte électorale mais à la faire suivre au vrai domicile du faux électeur. On en tire une première constatation: ces faux électeurs sont toujours inscrits et ont pu voter le 11 mars.
Mais il y a plus grave, et qui a conduit à la situation de dimanche dernier; une foi