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Libération

La morale expliquée à mes électeurs

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publié le 17 mars 2001 à 0h05

Cette semaine électorale aurait été bien morne si le recours à la morale n'était venu l'animer. Tout le monde a été surpris que leurs ennuis judiciaires aient profité à Jacques Mellick, Patrick Balkany, François Bernardini et Jean Tiberi. Loin de saborder son score, son alliance de naguère avec le Front national a donné un coup de fouet à Charles Millon. Philippe Séguin a évoqué (avec regret) une «prime à la casserole» comme si, faute de cet ustensile, il risquait la gamelle. Il a cependant souhaité que l'éthique soit respectée dans les tractations entre listes de droite officielle et dissidente, craignant, sinon, d'ajouter «le déshonneur à la défaite». Alors, la morale: un plus ou un moins électoral?

«Les affaires sont les affaires.» L'expression paraît soudain prendre un sens politique différent, comme si les candidats disaient: «Ma mise en examen ou ma condamnation est quelque chose entre les électeurs et moi, pas de raison que les moralistes s'en mêlent.» Comme si la morale était devenue un pur spectacle, une vue de l'esprit, sans aucun lien avec l'existence quotidienne. A la télévision, une vieille Béthunoise répondit agressivement au journaliste qui l'interrogeait sur Jacques Mellick, redevenu éligible après en avoir été empêché par son faux témoignage pro-Bernard Tapie: «Et vous, vous n'avez jamais menti?» Les familles royale d'Angleterre ou princière de Monaco suscitent notre sympathie quand leurs membres vivent des aventures sentimentales malheureuses. Curieusement,