Les sondages sont régulièrement objets de railleries quand ils se trompent sur les résultats électoraux. Outre le caractère souvent injuste d'un opprobre et d'une ironie antisondagières qui mettent tous les instituts et toutes les enquêtes dans le même sac, c'est risquer d'oublier que les études d'opinion sont aussi un outil incomparable lorsqu'elles s'appliquent à comprendre, sur la durée, les réactions des Français à des questions de fond. Tous les ans, la Sofres publie ainsi l'Etat de l'opinion sur les sujets les plus divers, reprenant des sondages déjà publiés dans les médias souvent partiellement assortis de commentaires de personnalités d'horizons divers.
Contexte oblige, on retiendra d'abord bien sûr de cette livraison 2001, sous la direction de Olivier Duhamel et Philippe Mechet, les indications sur l'état politique de l'opinion, au-delà des prévisions d'intentions de votes, exercices forcément ponctuels et frappés d'un fort taux d'incertitude, donc absents de l'ouvrage, quelques précieuses indications sur les rapports des Français avec leurs gouvernants. Une situation que le commentaire dominant présente comme catastrophique, notamment du fait, de l'abstentionnisme croissant, mais qui demande à être affinée. Olivier Duhamel parle «d'a-démocratie» dans une configuration où le citoyen répugne à tout engagement, néglige son devoir électoral, mais ne se désintéresse pas tant que ça de la chose publique. Sinon comment interpréter ce constat que, s'agissant du référend