C'est embêtant... Quand les urnes malmènent la morale, on ne peut plus rien regarder avec innocence. Ainsi, jeudi dernier, du pince-fesse d'inauguration du 21e Salon du livre. Ce raout récréatif, de bien moindre enjeu économique que son homologue agricole, n'avait pas besoin de la présence de Jacques Chirac à la Porte de Versailles pour renifler le faisandé: dès avant, dans un réflexe d'autodéfense civique quasi paranoïaque, une suspicion d'embrouille s'était fait jour à la réception du carton officiel d'invitation. A quoi ça tient, la suspicion? A rien, ou si peu... Ici, juste à une illustration un dessin représentant une jeune femme habillée d'un livre, titré «la Mode du livre», et signé du couturier Karl Lagerfeld. Comme si, à l'occasion, par exemple, de la présentation des collections de prêt-à-porter et sous les apparences d'un fraternel jumelage des industries du tissu et du papier, la maison Chanel lançait une OPA sur Gutenberg.
Outre ce que vient foutre, dans une manifestation consacrée au plus discret des vices, le parrainage des danseuses de MM. Arnault, Pinault et consorts, comment ne pas se demander à quel titre Lagerfeld est venu poser sa griffe sur le Salon du livre? Oui, le prestige de la littérature au service de l'art du drapé, comme dans les vitrines de Sonia Rykiel, bien sûr... Mais, du couturier à l'éventail, on se souvient surtout de l'apparition dans l'affaire dite de la cassette Méry, et de ce que le fisc lui consentit, en 1999, un abattement d'impôts