Samedi
Les consciences pures et objectives
Ce matin, je suis fier et heureux ! Comme chaque samedi j'ai lu le grand hebdomadaire culturel et politique de la gauche moderne et morale, sa conscience : le Nouvel Observateur. J'ai d'abord été surpris. Je m'attendais entre ces deux tours d'élections à une couverture politique. Un appel à la mobilisation. La République, selon les amis de l'Obs, ne serait-elle pas menacée par le retour masqué du Front national, dont Millon serait le nouveau visage? Les taupes lepénistes ne sont-elles pas responsables de la chute ou des difficultés de Gayssot, Voynet, Guigou, Moscovici, Trautmann? Et rien de cela! A peine un surtitre presque distant: «Paris: comment la gauche peut gagner». Mais, en revanche, un sujet principal éclatant : «L'argent des intellos». A la réflexion, admirable! Un titre «bobo» : le fric et l'esprit! Ça, c'est tendance, bourgeois-bohème, mode, neuf, Rastignac, start-up! Et là, dans ce dossier capital pour la situation française ma fierté et mon bonheur: je découvre que je suis classé dans le tableau des top ten des meilleures ventes et des meilleurs profits, quatrième! Top ten! Voilà une rédaction qui n'est pas gauche mais adroite! Quel sens du vent! Réinventer la lutte des classes entre «écrivains boyards et moujiks», gros et maigres. Même Régis Debray n'avait pas parlé de «cote boursière» des intellos! Mais le Nouvel Observateur, dans le double combat qu'il mène contre la marchandisation de la culture, a osé lui, class