Lionel Jospin a de la chance: le corps électoral vient de lui faire passer le message le plus utile au moment le plus efficace. A un an de l'élection présidentielle, la signification politique des municipales est en effet limpide. Au-delà des 36 000 cas particuliers et du localisme triomphant, les Français viennent de proclamer urbi et orbi qu'il n'y a actuellement pas de favori présumé dans la bataille élyséenne. Ce n'est pas parce que la droite se déchire à belles dents que le Premier ministre serait a priori mieux placé que le chef de l'Etat. Ce n'est pas davantage parce que les enquêtes d'opinion le situent pour l'instant en tête que le chef du gouvernement aurait conquis un avantage durable sur le président de la République. A douze mois du vote, tout semble grand ouvert. Les 11 et 18 mars, les citoyens ont d'ailleurs désacralisé d'un même mouvement tous les candidats annoncés à l'élection présidentielle. Robert Hue a perdu sa ceinture rouge, Jean-Pierre Chevènement n'est le roi qu'à Belfort, François Bayrou se trouve dépossédé de la capitale de l'UDF, Alain Madelin a joué les figurants, Charles Pasqua a perdu la voix, Jean-Marie Le Pen a reculé de deux cases, Jacques Chirac est amputé de la Chiraquie et, derrière les demi-masques de Paris et de Lyon, Lionel Jospin essuie sa première déconvenue électorale en quatre ans. C'est ce qui pouvait lui arriver de mieux.
Les électeurs français n'aiment pas les favoris en titre et abhorrent les jeux fermés. Lionel Jospin le sait b