Les municipales n'ont pas apporté à la gauche son printemps car les résultats en soi guère déshonorants n'ont pas été à la mesure des attentes et la tente à oxygène, érigée par le PS place du Colonel Fabien, s'est effondrée. Il y a donc pour la gauche un problème de fond qui concerne l'orientation politique et un problème d'architecture puisque le PS reste un parti à l'étiage électoral relativement stable et faible. Comment surmonter ce double défi?
Avant de répondre tête baissée à cette question, il faut peut-être commencer par analyser un phénomène de première importance: la société française se dérobe de plus en plus aux politiques. Alors que ceux-ci n'ont jamais autant bénéficié d'études d'opinion de plus en plus fines, la société leur est en fait de moins en moins lisible. La première dérobade prend naturellement la forme de l'abstention. Celle-ci ne cesse de croître. La seconde est plus inquiétante. Elle a été remarquée par de nombreux candidats. Sur le terrain, les électeurs potentiels écoutent poliment les politiques. Ils ne s'opposent même plus à eux. De sorte que cette attitude de non confrontation a pu être vue ou vécue comme un signe d'adhésion, jusqu'à ce que les résultats démentent cette impression. La gauche sondagière a oublié la puissance du paradoxe de Tocqueville: c'est quand la situation s'améliore que le mécontentement s'accroît, ce qui, politiquement, veut dire que tout immobilisme préélectoral n'est ni plus ni moins qu'une préparation à la défaite.