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Libération
TRIBUNE

Le zoocide

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publié le 30 mars 2001 à 0h15

Des centaines de milliers d'ovins, de bovins, de porcins (nos proches mammifères) sont en ce moment rayés de la carte du monde, sans états d'âmes de la part de la communauté des hommes. Seule une marche silencieuse et citoyenne a manifesté son soutien à Amsterdam sur le zoocide perpétré. Qui imagine l'effroi des animaux quand l'homme au pistolet s'immerge dans le troupeau et tire. Et tire à nouveau, dix fois, cent fois, mille fois... Qui peut nier la terreur de ceux qui assistent au carnage, à l'hécatombe de leurs semblables? Qui peut dire que tout est comme avant et qu'il ne s'est rien passé? En toute légalité, en toute légitimité, le délégué des hommes, représentant d'un consensus autant national qu'international, vient apporter la mort dans une population terrorisée. Qui relate la panique, l'angoisse du cheptel à l'heure de l'exécution? Peur, horreur, répulsion du monde vivant face à l'ultime seconde annoncée.

Les témoins (congénères animaux) n'écrivent ni ne témoignent. Ils souffrent en silence, tout comme ils savent être heureux, nimbés de ce même silence. Les animaux ne savent que se taire. Rien ne restera de ce calvaire sinon une obsédante fumée, de sinistres tranchées, un coupable mutisme. Les animaux n'expriment aucun mot pour décrire la souffrance, pour raconter la mise à mort, aucune dialectique pour eux, ni comité de soutien, afin de narrer aux médias l'horreur du dernier instant et de la mise à exécution programmée. Il n'ont vu à la télévision ni Jean Glavany, ni