Ce livre lui ressemble. Touffus, interminable, passionnant, généreux aussi. Claude Got, ancien professeur d'anatopathologie à l'hôpital Ambroise Paré, est un cas dans le paysage des experts sanitaires français. L'homme est irremplaçable, bavard et unique. Depuis plus de vingt ans, il éclaire de son regard fouineur toutes les crises de santé publique.
Iconoclaste, son dernier livre lui va donc comme un gant: Risquer sa peau. Tout le talent de ce travail est d'essayer de sortir du manichéisme ambiant qui rêve d'un monde en noir et blanc, un univers où le risque se déclinerait sur deux seules positions: la catastrophe ou l'indifférence, le principe de précaution poussé à l'extrême ou l'inaction érigé en règle absolu. C'est malheureusement plus compliqué. Comment initier «une pédagogie du risque» que tout le monde appelle de ses voeux? Comment sortir du tout ou rien et laisser la place au choix assumé? Où mettre la liberté individuelle dans le risque collectif?
Pour y répondre, Claude Got a choisi de se balader. Il chemine à travers mille notions, mélange des statistiques avec des histoires romancées. Puis revient en arrière. L'interdiction de l'absinthe à la fin de la Première Guerre mondiale? «On a voulu croire que ce fut pour des raisons sanitaires, cela fut d'abord une victoire des producteurs de vin. La destruction des vignes par le phylloxéra avait produit un déplacement de la consommation vers des alcools forts. Une théorie de la toxicité de certains composants végétaux de