Avec son 41e numéro, la Revue internationale et stratégique souffle ses dix bougies et consacre sa dernière livraison à «1991-2001, dix années qui ébranlèrent le monde». Rude tâche que de résumer une décennie en quinze articles d'une dizaine de pages. Le nez collé sur des événements toujours en cours, l'historien du présent doit en apprécier la portée, alors qu'il devine que ses grilles de lecture frôlent parfois l'obsolescence. Les auteurs ont pris des risques intellectuels et c'est tout l'intérêt de cette Revue publiée par l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) (1), l'un des think tank français les plus dynamiques.
Ainsi, Hubert Védrine, ministre des Affaires étrangères, interrogé par Pascal Boniface, le directeur de l'Iris: «Qui dirige le monde? Dans l'ordre: 1) Personne. 2) Les Américains. 3) Cinq ou six autres puissances, dont la France. 4) Les dirigeants de tous les autres Etats et les secrétaires généraux d'organisations internationales. 5) Le crime organisé. 6) A la marge: tout ce qui peut introduire des grains de sable dans les mécanismes: peuples, passions, individus, bugs.» Le chef de la diplomatie française expose sa vision «réaliste» des affaires mondiales en précisant ses idées sur le clivage droite/gauche: «Toute la politique internationale s'articule aujourd'hui autour de thèmes de gauche (droits de l'homme, paix, developpement...). Les idées traditionnelles de la droite (sont) KO technique.»
Bertrand Badie, professeur à l'Institut d'étu