Parmi les chantiers qui attendent Bertrand Delanoë, la question de la garde des jeunes enfants et du nombre de places en crèche est sans nul doute l'un des plus brûlants. Et sur ce dossier comme sur tant d'autres, la campagne électorale n'a pas suffisamment permis d'éclairer les enjeux. La question des journalistes était pourtant simple: «Il existe actuellement plus de 20 000 enfants sur les listes d'attente des crèches. Que comptez-vous faire?» Ce à quoi le candidat socialiste répondait invariablement: «Nous allons créer 2000 places supplémentaires.» Autrement dit, 90 % des enfants resteront sur les listes d'attente! Réponse d'autant plus étonnante que de nombreux parents découragés se sont depuis longtemps retirés des listes d'attentes, si bien que le chiffre de 20 000 enfants sous-estime sans doute l'ampleur des besoins insatisfaits.
Faut-il en déduire que Delanoë se contrefiche des jeunes enfants? Evidemment non: tous les candidats, des Verts à Séguin, ont repris ce chiffre de «2 000 places supplémentaires», et Tiberi, plutôt que de consacrer plus d'argent à la construction de crèches, avait même décidé en septembre de créer une nouvelle allocation destinée aux parents faisant garder leur enfant à domicile. Tout le monde semble faire l'hypothèse que les crèches sont trop coûteuses, et qu'il est financièrement plus rentable de subventionner la garde à domicile. Une telle hypothèse peut surprendre: les crèches nécessitent moins de personnel (par enfant) que la garde à domic