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Libération

La force des faibles

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publié le 9 avril 2001 à 0h26

Dans Libération du 1er avril, Ezra Suleiman livre son appréciation sur les difficultés des relations franco-américaines. La principale explication, selon lui, réside dans le passé colonial de la France qui ferait d'elle un pays cherchant sans cesse à jouer un rôle qu'elle a perdu, ce qui par réaction, la pousse à s'affirmer contre la puissance américaine.

Il est étonnant de trouver encore cet argument sous la plume d'un des meilleurs spécialistes américains de la France. Il y a quarante ans que la France a perdu son empire colonial. Elle a largement eu le temps de s'en remettre. La perte de l'empire est peut-être un sujet pour ceux qui s'occupent de la France aux Etats-Unis, ce n'est plus un sujet en France. Le gouvernement actuel est composé de gens, qui, soit ont commencé leur engagement politique pour lutter justement contre les guerres coloniales, soit qui n'ont jamais eu à connaître une France coloniale.

Ezra Suleiman estime par ailleurs que l'antiaméricanisme en Europe n'existe que chez les Français, et en France surtout chez les officiels. Là encore ce constat était sans doute exact autrefois. Il ne l'est plus. Tout d'abord parce que la critique de certains aspects de la politique américaine est largement partagée par tous les Européens. La France n'est ni plus ni moins critique à l'égard du bouclier antimissiles que les autres Européens. Ces derniers sont tout aussi opposés que la France aux positions américaines hostiles au respect des engagements pris à Kyoto pour lu