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Libération

L'enseignement en mal de théorie

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par Bruno Mattei
publié le 10 avril 2001 à 0h26

La réforme des IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres) que vient d'annoncer Jack Lang laisse intacts les problèmes posés par la crise de la démocratisation de l'école. Celle-ci, plus sûrement que l'insuffisance des dimensions pratiques de la formation, est à l'origine du malaise des formés. L'insatisfaction maintenant à peu près générale des futurs professeurs d'école, de collège et de lycée, rendait inévitable de revoir la copie des dispositifs de formation de ces instituts universitaires et professionnels créés il y a dix ans pour succéder aux antiques écoles normales de la République. Les IUFM, désormais lieu de formation unique pour tous les enseignants, parachèvent sur le tard l'unification du système éducatif, chargée de réaliser la massification et la démocratisation de l'école. Sur les fonds baptismaux des IUFM, un maître mot fait son apparition, véritable sésame pour répondre aux nouveaux défis démocratiques: la professionnalisation enseignante.

La cause principale du malaise actuel de la formation des maîtres réside dans les ambiguïtés, jamais pensées, sur ce qu'il convenait d'entendre par «professionnalisation». A une question éminemment politique et éthique, «quelles finalités, quelles missions pour une école dont le projet démocratique ne consisterait pas seulement à accueillir tous les élèves, mais fonderait une politique de civilisation», selon Edgar Morin, on a répondu par une proposition institutionnelle chargée d'articuler, pour l'essentiel,