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Analyse

Sages-femmes : l'impossible identité.

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par Claudine Schalck
publié le 11 avril 2001 à 0h27

Quand vous déclinez votre profession de sage-femme, le mot en général n'évoque pas une image professionnelle bien précise. Il fait d'emblée appel à quelque chose de familier, mais en même temps à quelque chose de vague et d'imprécis. Images et sentiments contradictoires s'y bousculent, surtout pour ceux qui, hommes et femmes, ont eu «à faire» avec la naissance. Décliner sa profession est alors presque une invitation à la confidence, puisqu'elle vient faire vibrer quelque chose de l'ordre de l'intime.

La sage-femme, que sait-elle faire et que fait-elle au juste? Certes, on sait l'essentiel. Elle préside à la naissance. Des plis d'une femme à l'autre, elle accueille à chaque fois les premiers cris de l'humanité. Placée au coeur de ce mystère, elle en recueille à la fois les éclats et les éclaboussures. Si bien que, logée dans cette posture inamovible des origines et de l'aube de l'humanité, on voudra aussi n'en retenir que celle-là avec le climat qui l'accompagne. Alors quand le mythe abandonne sa posture millénaire pour faire la grève, pour descendre dans la rue, clamer l'épuisement professionnel ou réclamer la revalorisation et la juste reconnaissance de son statut, on n'y comprend plus rien. Comment peut-on réclamer, alors qu'on occupe la position si gratifiante et magnifiée du «plus beau métier du monde»?

Et, pourtant, c'est la première fois que le mouvement de mécontentement prend cette ampleur générale et nationale: sages-femmes du public, du privé, en exercice territorial