Pour la première fois dans ce pays, un appel au boycott semble prendre une certaine ampleur. Un phénomène nouveau est donc en train de naître. A l'origine de cet appel, les salariés de deux usines Danone (Calais et Ris-Orangis) menacées de fermeture alors que le groupe Danone dégage des profits conséquents et que l'activité des sites concernés est aussi bénéficiaire. Il s'agit alors pour les salariés touchés d'essayer de sortir de leur isolement pour essayer de peser sur des décisions qui les concernent. Car, s'opposer aux restructurations peut sembler par avance voué à l'échec. Il n'est pas évident de mobiliser les autres salariés du groupe qui sont soulagés de s'en sortir à si bon compte, ce d'autant plus que des organisations syndicales considèrent de tels processus comme inévitables. Certes, se met en place une solidarité au plan local, mais celle-ci ne suffit pas pour amener le groupe à changer ses orientations. C'est dans ce cadre que l'appel au boycott fait d'abord sens. Il apparaît comme une externalisation de la grève. Lors d'une grève, les produits ne peuvent pas être achetés parce qu'ils ne sont plus fabriqués. Avec le boycott, ils ne sont plus vendus, parce qu'on ne les achète plus. Dans les deux cas, il s'agit donc de pénaliser l'entreprise, contrecarrer sa stratégie pour créer un rapport de forces qui soit plus favorable aux salariés. On le voit, ceux qui condamnent le boycott devraient en toute logique s'opposer au fait de faire grève. C'est sans surprise la p
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Un avertissement aux multinationales
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par Pierre Khalfa
publié le 17 avril 2001 à 0h30
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