La thèse de sociologie soutenue à l'université René-Descartes par l'astrologue Elizabeth Teissier n'est pas passée inaperçue, et provoque des réactions diverses. En première page d'un quotidien, les Prs Beaudelot et Establet s'indignent au nom de la rigueur sociologique («La sociologie sous une mauvaise étoile», le Monde du mercredi 18 avril). Faut-il y voir la réaction classique des universitaires à l'égard de tout ce qui leur est extérieur?
L'astrologie, comme d'autres pseudo-sciences, rencontre actuellement un grand succès: lui consacrer une thèse de sociologie est donc une bonne idée. Qu'une astrologue professionnelle l'écrive est sujet à caution, car on peut s'interroger sur sa capacité à respecter la distance scientifique, mais on a vu d'excellentes thèses de sociologie des religions rédigées par des prêtres catholiques.
Laisser préparer une thèse qui sort des sentiers habituels au monde académique n'est pas un crime. Il y faut juste de la rigueur et de l'éthique. En effet, aucune science ne peut progresser sans prendre de risques et sans accepter à certains moments l'émergence de discours totalement hétérodoxes. Il s'agit alors d'instaurer un débat souvent violent entre les chercheurs. L'objectif de l'innovateur et de ceux qui le soutiennent est de parvenir à convaincre ses collègues avec des arguments qui soient recevables par eux. C'est du monde scientifique que les grands découvreurs veulent être reconnus.
On sait que la médiatisation des sciences même sociales