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Libération

Enseignant, une cible facile

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publié le 21 avril 2001 à 0h33

Un homme est mort... Un instituteur, un de nos collègues. Il ne nous appartient pas de juger ni de sa culpabilité ni de son innocence, c'est à la justice ­ si elle sait être clairvoyante et impartiale ­ de démêler l'écheveau compliqué de cette affaire et, jusqu'aux conclusions de l'enquête, si l'on parvient jamais à faire toute la lumière et à connaître l'entière vérité, la présomption d'innocence ne peut que prévaloir. Depuis les Risques du métier au moins, film des années 60 où Jacques Brel tenait la vedette, nous savons le faible poids d'un enseignant face à des accusations de ce type. Nous savons aussi avec quelle promptitude et quelle diligence les autorités éducatives et judiciaires réagissent en pareil cas. Qui voudrait d'ailleurs les en blâmer ? Sûrement pas les éducateurs et les parents que nous sommes, eu égard aux risques encourus par nos enfants ! Mais dans tous les cas, la promptitude et la diligence ne sauraient exclure la prudence et la discrétion. Doit-on nécessairement, afin d'appréhender un instituteur présumé innocent (même si de lourds soupçons pèsent sur lui), envoyer les gendarmes sur son lieu de travail, dans l'enceinte «sacrée» de l'école, à cinq minutes de la reprise des cours, donc en présence des enfants ?

Au-delà de cette dramatique affaire, la société et la communauté éducative ne doivent-elles pas s'interroger sur la place de l'enseignant en leur sein ? On est loin (et qui voudrait le regretter ?) de l'instituteur notable de village avec le maire