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Libération
TRIBUNE

Flux et reflux de la génération start-up

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par Florence LAUTREDOU
publié le 21 avril 2001 à 0h33

Le chasseur de têtes est un observateur assidu de l'océan de l'emploi qui sans relâche hume et pressent les courants. Le phénomène Internet connaît un printemps-été 2001 à marée basse, start-up échouées et naufrages en stock. Le chasseur, perplexe, réfléchit à la reconversion de ces brillants profils qui depuis quelques mois déferlent sur le marché sous une forme quasi identique: trentenaire, grande école, MBA souvent, background professionnel impeccable.

La bouffée Internet a été si puissante et irrésistible, transgénérationnelle dans sa phase terminale qui a vu se multiplier l'appel à des profils plus «mûrs», que le trou d'air ainsi créé ne trouve pas à se combler si facilement. Le processus même du recrutement en a été momentanément bouleversé. Rajeunis, décoincés, mus par un élan de mobilisation collective et le sentiment d'urgence, candidats et clients se sont rencontrés, voire précipités face à face, coude à coude, solidaires, motivés, égaux face au risque capitalistique, portés par un climat de conquête et d'expansion sans fin. Les conséquences de cette survalorisation de la denrée rare ­ le talent âgé de 30 à 40 ans ­ ont pu agacer: jeunisme, arrogance, inconscience parfois. Le reflux a désormais des relents de marée noire.

Cas sociaux de luxe, les «anciens» d'Internet ouvrent aujourd'hui une problématique de réinsertion d'un genre nouveau. Politique d'entreprise, pesanteurs hiérarchiques et méritocratie à la durée les font frissonner. Jeunes et pétulants, ils s'étaien