Le climat actuel d'effervescence sociale est à la fois réjouissant et attristant. La vive réaction de l'opinion publique décidément de plus en plus actrice à part entière du débat politique à l'encontre de la vague des licenciements économiques est positive, en ce qu'elle signe la fin d'une culture de crise. Depuis le retour de la croissance, les Français cessent de faire le dos rond. Ils n'acceptent plus avec fatalisme les sacrifices exigés d'eux par les décideurs. La reprise a accouché d'une nouvelle conflictualité sociale. Le phénomène est à la fois logique et sain. Le rapport de forces entre le capital et le travail a trop été tordu en défaveur de ce dernier pour que l'on ne souhaite pas un prompt rétablissement. Les batailles salariales devraient se multiplier. Quant au combat pour l'emploi, il changera progressivement de nature. L'actualité des «plans sociaux» ne doit pas faire oublier que le nombre des licenciements économiques est en recul de 15,7 % sur une année. Contre les ravages de la précarité, c'est la qualité de l'emploi qui doit aussi et surtout être défendue. Or, l'héritage de la crise est ici très lourd: selon l'Insee, entre 1990 et 2000, les emplois d'intérim ont progressé de 130 %, les contrats à durée déterminée de 60 %, tandis que les emplois stables n'augmentaient que de 2 %.
La popularité du mot d'ordre de boycott de Danone est aussi symptomatique d'un rejet de l'économie unidimensionnelle. Ce refus renvoie à l'angoisse tout à fait fondée générée p