Et si, à la toute fin, ce type était «globalement» comme disait Georges Marchais sympathique? Depuis que s'est déclenchée la polémique russo-américaine relative à l'ouverture de l'espace aux touristes civils, on le regarde avec une curiosité perplexe. Derrière son nom de Dennis Tito, beau comme un pseudo pour réconcilier l'Est et l'Ouest, on perçut d'abord son projet comme un caprice de milliardaire, sorte d'entreprise publicitaire un peu mégalomaniaque et assez énervante. On songea à ces sociétés d'assurances nippones qui, au temps de leur prospérité, dans les années 80, se payaient des Van Gogh qu'elles accrochaient en poster dans le hall de leur siège social... On se méfiait. C'est que vingt millions de dollars, prix du ticket de Tito dans le Soyouz qui partira demain de Baïkonour, constituent un tarif dont il n'est pas besoin d'imaginer Vladimir Poutine le recyclant en obus pour casser la tête des Tchétchènes, pour le trouver salé. Dennis Tito, qui possède en Californie une villa de 3000 mètres carrés, a le cul cousu d'or. Ne pinaillons pas sur l'origine de cette fortune (Wilshire Associates, la société d'investissements qu'il préside, gère cinq cents milliards de dollars d'actifs), et considérons plutôt un peu, derrière le spéculateur colossal, le bonhomme, son désir de cité des étoiles et de terre vue d'en haut, en orange bleue. Ici, son image soudain se brouille. Elle se leste d'un passé de fils d'immigré italien, né en 1940, entré à 24 ans au Jet Propulsion Labor
Dans la même rubrique
TRIBUNE