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Libération

Les skieurs ne sont pas au-dessus des lois

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publié le 28 avril 2001 à 0h37

Je ne dirai rien de la sépulture de marbre noir scellée sur son corps de soleil. Rien de sa mère, de ses proches et du seul souvenir. Rien de notre amour à tous enseveli. Cet amour de toi, allié venu de l'enfance, Lionel, mon ami, mon frère.

Je ne dirai rien non plus de la boucherie de l'instant. De l'avant, de l'après.

Rien du vin, des forêts, des feux, des neiges et des assiettes pleines. Rien de notre terre d'Aveyron qui te garde maintenant. Et puis, que dire de ces nuits de coma où, tenus à l'écart par quelque sentinelle hostile, nous n'étions déjà plus les tiens? Que dire de ces heures où nous n'avons rien pu pour toi?

En revanche, je veux parler du respect de la vie et d'autrui, ainsi que du sens des responsabilités. Toutes choses dont tu avais un sens si aigu.

Aujourd'hui que la prison ferme a été prononcée (1) ne signifie rien en regard de ta mort. Mais cette sentence dit que nul dorénavant ne pourra bafouer, sans une répression légale, les règles les plus élémentaires de la prudence et du respect des autres, qu'il soit sur des skis ou tout autre engin. De même, nul ne pourra ignorer ce qu'au-delà de l'insécurité routière les Anglo-Saxons nomment génériquement «violence en déplacement».

Tu le comprendrais, toi qui fus un grand motard, un montagnard accompli et un vrai risque-tout, qu'il n'est nullement question de fliquer le pays entier. Mais plutôt de disqualifier cette délinquance que des intérêts mercantiles maquillent sous couvert de l'esprit de montagne. Car rien de