L'affaire du calendrier électoral (devra-t-on, en 2002, élire en priorité un Parlement ou un Président?) illustre la difficulté pour les hommes politiques à savoir ce qu'ils veulent vraiment, c'est-à-dire ce qui est leur véritable intérêt. Alors que la question avait des mois durant suscité des controverses passionnées, la loi plaçant les législatives en premier vient d'être enfin adoptée dans une indifférence quasi générale. En gros, on trouve que Lionel Jospin est dans l'esprit de la Constitution quand il veut que la présidentielle conserve la place prééminente, mais on sent bien que ce légalisme si actif prend son énergie dans un autre constat: que ses chances personnelles à cette élection sont supérieures à celles de la majorité plurielle à des législatives.
D'autant que la gauche a d'emblée perdu la bataille du vocabulaire. On nous parle d'une «inversion» du calendrier, avec la connotation sexuelle attachée au mot, comme s'il s'agissait là d'un acte contre-nature pour lequel il en est appelé à la censure du Conseil constitutionnel. Les socialistes préféraient d'ailleurs évoquer un «rétablissement» de l'ordre normal du calendrier, lequel aurait été mis à mal par la dissolution, toutefois on ne peut plus légale, de 1997. Ce qui permet de voir que la décision d'alors de Jacques Chirac, qui lui vaut mille ricanements tant elle sembla maladroite, peut se lire aujourd'hui comme une grande habileté. Sa popularité, peu enviable tant qu'on l'estimait comptable de la politique de