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TRIBUNE

Virtuel mon oeil!

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par Philippe RIGAUT
publié le 2 mai 2001 à 0h44

Le terme virtuel est devenu un incontournable du vocable journalistique du moment, et ce quel que soit le sujet traité. Progressivement, il s'installe dans le langage quotidien, où il peut être utilisé pour désigner tout à la fois le probable, le conditionnel, le potentiel, l'éventuel, bref, ce qui adviendra peut-être, mais aussi ce qui aurait dû avoir lieu et qui, contre toute attente, ne s'est pas produit. Outre ce domaine du prévisionnel sont également qualifiées de virtuelles des situations bel et bien présentes, mais artificielles, soit qu'elles appartiennent au registre de la fiction, de la mise en scène, soit qu'elles impliquent quelque chose de l'ordre du faux-semblant, de la tricherie, de l'illusoire. D'une manière générale, et au-delà des différents espaces de signification auxquels il peut être assigné ­ celui du si, celui du comme si ­, ce terme suggère l'idée d'un en dehors de la réalité; non pas le contraire de la réalité, mais une réalité différée d'elle-même.

Sans pour autant sombrer dans le catastrophisme, il faut noter que les applications de l'informatique moderne dans le domaine du virtuel pourraient pour certaines se révéler particulièrement problématiques. Utilisées à des fins de propagande et de désinformation, les animations en 3D se révéleraient en effet, de par leurs qualités hyperréalistes, une arme terrifiante. Une sorte de normalisation de l'incertain est peut-être à redouter, non pas tant du fait du virtuel en lui-même que de son développement da