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Libération
TRIBUNE

Pour que cesse la détention de Sofri

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publié le 3 mai 2001 à 0h45

Depuis plus de quatre ans, Adriano Sofri est détenu dans une cellule de la prison de Pise: là, dans cet espace restreint, il a déjà passé plus de 1400 jours de sa vie. Il devrait en sortir en 2017.

C'est là le résultat d'une affaire judiciaire inquiétante et, sous certains aspects, incroyable. En 1988, Sofri a été arrêté avec deux de ses camarades; il était accusé d'être le mandant de l'homicide d'un commissaire de police, advenu seize ans plus tôt, en 1972. L'accusation fut lancée par un «repenti» qui soutenait avoir lui-même participé à l'attentat. Après une série de condamnations et d'acquittements, ce parcours judiciaire, qui a duré plus de dix ans, s'est terminé par une condamnation définitive à vingt-deux ans d'emprisonnement.

Au cours de ces procès, on a vu émerger des zones d'ombre jamais éclaircies, des pressions indues, des irrégularités de tout type: la première de toutes fut la destruction des pièces à conviction (advenue en 1988-1989, après l'arrestation des trois inculpés!). Certains ont parlé de méthodes qui rappelaient les pires moments de l'Inquisition, d'autres d'une nouvelle affaire Dreyfus. Le témoignage du «repenti» s'est révélé, sur bien des points, fragile et contradictoire: inconciliable, par exemple, avec les dépositions des témoins oculaires du crime; souvent a été avancé le soupçon que son témoignage avait été influencé par des interventions externes: ainsi, ce n'est que deux ans après le début de l'affaire que l'on apprit que le «repenti» avait été