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Libération

Le privilège du travail

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publié le 7 mai 2001 à 0h48

Dans le parc d'Ambohijatovo, devant la statue commémorant les morts des émeutes indépendantistes du 28 mars 1947, les Malgaches fêtent le 1er Mai. Un podium en bois a été dressé. Devant une foule de quelques milliers de personnes venue voir un spectacle gratuit, des petits orchestres en costume traditionnel succèdent à des groupes de musique plus modernes mais tout aussi dociles. Il y a bien quelques banderoles revendicatives, des personnalités endimanchées assises au premier rang pour rappeler la Fête du travail. Les manifestants, il faut bien les appeler ainsi, regardent distraitement la scène. A quelques centaines de mètres, des militaires ont été déployés au cas où... Ils s'ennuient. Seule l'épaisseur de leurs matraques rappelle que la répression est parfois violente. Les manifestants sont calmes et heureux, les licenciements en France sont loin. La mondialisation, ici, ne concerne personne ou presque.

Un cortège de vrais manifestants se profile. Il est composé d'une centaine de personnes de sociétés de zones franches. Elles réclament un salaire minimum à 450 000 francs malgaches, environ 530 FF par mois. En dehors des zones franches le Smic est de 170 000 francs malgaches. Elles demandent aussi l'arrêt du travail de nuit pour les femmes, et l'arrêt du travail le dimanche. Les zones franches permettent à des entreprises travaillant pour l'exportation d'être exonérées de TVA et d'importer des produits nécessaires à leur production sans taxes. Ces entreprises ont adopté des