Les «bobos» sont à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, qui discute aujourd'hui d'une modification du statut de Sciences-Po (Libération du 21 avril). A l'origine de ce débat, la décision très médiatisée de cette grande école de créer une voie d'accès spécifique pour des élèves issus de milieux modestes afin de «démocratiser» son recrutement. Autrement dit de produire du «bobo» pur sucre et non un succédané à la mode française de ce nouvel animal médiatique, catégorie sociale en voie de constitution, chouchou des dernières élections et prétendu tombeur de la droite à Paris.
A quoi ressemble un «bobo» pur sucre? Il y a trois façons de le découvrir. Lire le livre éponyme du journaliste américain David Brooks, inventeur de l'expression (1); se contenter de la préface de la version française, signée par le boboïssime Jean-François Bizot, fondateur d'Actuel; ne lire ni l'un ni l'autre mais en parler beaucoup et se comporter ainsi en véritable «bobo». C'est justement ce que suggère Bizot qui brode habilement sur les «bobos» avant de confesser qu'il n'a pas lu le livre et de pronostiquer que l'authentique «bobo» en fera autant. C'est ce qui a dû se produire.
Car les cinquante premières pages de l'essai de Brooks condamnent peu ou prou toute tentative d'importation du modèle «bobo» originel en France. Elles décrivent en effet comment le recrutement des élites américaines a basculé à l'orée des années 60 pour donner naissance, trente ans plus tard, au «bobo». Principal levier de