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Libération

Godard itou, brouillé...

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publié le 10 mai 2001 à 0h49

Partout, Cannes. Chirac accro à l'Amélie de Jeunet (ses pitreries vont-elles vraiment durer encore une année?), et, dans l'Equipe, une interview de Jean-Luc Godard dont, à l'heure des revues de presse, il fut fait grand cas dans le poste. Comme il y serait question de sport, de cinéma, on fonça y voir, bien sûr. ­Alors, c'était comment? ­Ben, c'était bizarre. A peine paradoxal, moins rigolo que Duras causant football, plein de nostalgie, peu documenté sur l'actualité de la chose (je parle du sport, pas du cinéma) et bâti sur de contestables prémisses (JLG, qui a compris plein de trucs, n'a pas compris que sans compétition, il n'y a pas de sport). A mon avis, hein! Pourquoi je dis ça, moi? D'où je miaule, pour contester son avis autorisé? C'est peut-être ce passage, ce propos qui m'a soudain accroché l'oeil, au bas de la cinquième colonne: «Si j'étais le patron du Paris-Saint-Germain, j'imposerais par contrat qu'Anelka soit filmé chez lui, prenant son petit-déjeuner, discutant avec sa copine.» Peut-être, l'incursion subliminale de M6 dans les mots de Godard a-t-elle tout brouillé? Selon Marcel Duchamp, «C'est le regardeur qui fait le tableau». Mais avec la télé, c'est la multitude de regardeurs qui refait le monde comme un tableau auquel nul n'échappe. On est là pénards, à s'instruire entre gens de bien, à causer Puskas, Tilden, Jean Vigo et Leni Riefenstahl, et voilà que la pensée du maître tout à coup se brouille, pervertie par une superposition ­comme une pellicule surimpr