Que nous promettait cet enthousiasmant 10 mai qui vit apparaître le visage de François Mitterrand sur nos écrans, premier président de gauche de la Ve République? Une France plus sensible aux aspirations des plus défavorisés. Cela voulait dire mieux traiter les immigrés en mal de régularisation, que les lois restrictives d'après les crises pétrolières avaient exposé à la clandestinité. Cent vingt mille d'entre eux reçurent les papiers.
Cela voulait dire donner une impulsion décisive à la coopération avec les pays en mal de développement. Le Président alla plaider à Cancun au sommet des Chefs d'Etat du Nord et du Sud un «new deal» de lutte contre les inégalités planétaires. A Paris, quelques semaines après son arrivée à l'Elysée, il faisait présider par Jean-Pierre Cot la première conférence des Nations unies sur les Pays les moins avancés. Non sans panache.
Est-ce si loin? Avons-nous renoncé? Aujourd'hui il suffirait pourtant d'une décision courageuse pour sentir à nouveau le souffle que la victoire de la gauche avait fait passer, pour que la France retrouve la place de championne des causes plus humaines qui, selon son histoire et le voeu de son peuple, lui revient. A ses préfets elle donnerait instruction de répondre d'urgence et favorablement aux demandes des sans-papiers pour peu qu'il soit clair qu'ils sont mieux insérés en France que dans leur pays d'origine. A la troisième conférence des Nations unies sur les Pays les moins avancés, qui s'ouvre le 14 mai prochain à Brux