Innocentons les candidats. L'exhibitionnisme de Loft Story, c'est celui de M6. Les patrons de la chaîne se mettent pour le coup à nu en dévoilant l'image qu'ils se font de leur public. «Une fille qui demande "Qui c'est qu'a pété ?", une autre qui se fait exploser ses points noirs, ça devrait plaire.» Le succès de l'émission conforte ce constat déprimant. En regardant en masse Loft Story, nous faisons d'ailleurs preuve de plus d'exhibitionnisme que de voyeurisme (aucun n'est condamnable en soi), acceptant la lamentable idée que les chefs de M6 ont de nous.
Loft Story est la troisième affaire télévisuelle de la saison. Depuis septembre, on a eu Qui veut gagner des millions? où il a fallu s'indigner que des êtres qui ne le méritaient pas remportent des sommes astronomiques, dilapidant notre patrimoine culturel si chèrement acquis. Puis C'est mon choix où le service public aurait failli à sa mission, provoquant les interventions de parlementaires scandalisés qu'un tel exhibitionnisme, déjà, suscite un tel Audimat (mais un exhibitionnisme qui ne satisferait aucun voyeurisme serait encore le plus triste de tout).
L'originalité de Loft Story est qu'on n'intervient pas pour restaurer l'image de la France, sa culture ou son service public, mais pour la bonne santé mentale des candidats qui ne nous ont pourtant rien demandé et semblent pouvoir quitter le jeu si besoin est. On est dans la situation de censeurs potentiels d'un film pornographique qui diraient: «Cela ne me gêne pas du tout