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Libération
Critique

Deux décennies de pragmatisme

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publié le 14 mai 2001 à 0h52

Les auteurs de ce bilan de deux décennies de pouvoir socialiste presque ininterrompu sont l'un et l'autre journalistes, et c'est comme tels qu'ils ont écrit leur livre. D'abord en enquêtant à nouveaux frais sur les jugements portés à ce sujet par une quarantaine de témoins qualifiés, parfois acteurs de cette histoire, parfois seulement spectateurs attentifs. Ensuite, ce qui n'est pas la moindre qualité journalistique, les auteurs font court, sans quoi leur tour d'horizon ne tiendrait pas en 250 pages.

Cela donne un récit dense de l'ensemble des actions et réactions des socialistes pendant vingt ans. L'esprit de nuance est aussi au rendez-vous, ne serait-ce que parce que ce livre est comme vu à travers les yeux les plus divers et les plus opposés ­ par exemple, ceux de Jean Boissonnat et de Christophe Aguiton. Il faut ajouter qu'il est aussi truffé de remarques vachardes ou ironiques et de bons mots gentiment assassins.

Pour les auteurs, deux dates dominent: 1983, quand Mauroy, Premier ministre, convainc Mitterrand d'approuver le «tournant de la rigueur», et 1989, la chute du mur de Berlin. Ces deux événements entrent nécessairement en résonance pour former un solde de tout compte de l'idéologie et de l'imagerie du PS d'avant 1981. Celles-ci étaient faites d'une sorte de marxisme très délayé, quoique ergoteur, ainsi que d'une allégeance (toujours pas démentie) aux vertus de la fonction publique et aux bataillons électoraux des fonctionnaires. Les socialistes n'ayant jamais réus