La mondialisation, c'est d'abord une belle perspective. On n'a jamais autant produit de richesses qu'aujourd'hui et ces richesses peuvent circuler, s'échanger partout sur une planète unifiée par les prodigieux développements de moyens de transport rapides. Au-delà des choses, il y a les personnes: loin de se réduire avec l'«explosion de la communication», le besoin de déplacement s'est trouvé dopé, au point de devenir une exigence forte de modernité. On n'a jamais autant produit de savoirs, d'informations qui peuvent se partager à l'échelle du monde via les télécommunications, les réseaux, le Web. Le monde est à nos portes, il est aussi chez nous: dans des «villes-monde» qui brassent les populations en deçà des frontières, brisent des étroitesses ancestrales et obligent à repenser les identités. Certes, l'originalité des cultures, la diversité des histoires et des réalités collectives demeurent vivaces et les nations sont loin d'avoir épuisé leur potentiel, mais tout cela s'ouvre sur l'universel: désormais, l'appartenance de tous au même genre humain cesse d'être une vue de l'esprit, pour prendre un sens concret. Quel progressiste, quel «internationaliste» attaché au souhait d'une humanité plus civilisée et mieux «humanisée» ne s'en réjouirait pas? L'entrée des peuples dans la même dimension du «monde» devrait être la grande chance et le grand combat du XXIe siècle.
Mais, en même temps c'est le second aspect des choses , comment ne pas voir que la mondialisation réelle ne