Et si, plutôt que de cette fameuse «trentaine de coups de couteau», le jeune Rudy n'avait lardé et occis son copain Christopher «que» de, disons, cinq ou six lames... Combien d'années de réclusion criminelle eussent-elles alors été requises, et à combien la cour d'assises du Nord eût-elle condamné l'adolescent à s'enfauver derrière les barreaux d'une cage inadaptée? La démence même induite par son «acharnement» meurtrier (dont le procès n'aura pu déterminer l'origine) aurait dû lui constituer une circonstance atténuante; elle fut aggravante: renchérissant sur le réquisitoire, les jurés populaires ont, vendredi, condamné Rudy à huit années d'enfermement. Les coups de couteau ont lacéré l'état civil de «Rudy», 14 ans (13 ans au moment des faits), qui purgera sa peine comme un grand. A quoi ça tient...
Markus Warnecke, 30 ans, qui comparaît depuis la semaine passée pour le lynchage du gendarme Nivel en 1998, semble ne pas ignorer comme des détails peuvent lester un réquisitoire et plomber un verdict. Devant les assises de Saint-Omer, la main de fer de son passé peine à se dissimuler dans le gant de velours de son apparence. Cette confrontation de soi à soi qui constitue le moteur de tout procès d'assises et que Rudy ne nous aura pas donnée, Warnecke, qui nie tout, a entrepris de la surjouer à quitte ou double dans une impossible représentation, au sens le plus théâtral du terme: la chemise blanche pour recouvrir les tatouages à l'avant-bras trop musculeux, le poil repoussé mai