L'argent, le sexe, le voyeurisme, l'exhibitionnisme, le sadomasochisme, le culte du malsain, bien d'autres composantes encore de notre société décadente sont réunies dans l'émission Loft Story. Pourtant, à l'Audimat, celle-ci triomphe. Engouement ou scandale? Des violences se produisent là où est diffusée l'émission. Ailleurs, un joueur exclu est reçu en héros par le maire d'une grande ville. Il y a de tout là-dedans, y compris des conflits entre chaînes de télévision ou au sein du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Le déphasage occupe les esprits; il s'emploie à les distraire avant de les ennuyer. Ce qui est troublant, c'est que chacune de ces composantes, envisagée isolément, ne suffit guère à fonder une condamnation radicale. Est-ce l'argent? Mais en est-on là tandis que les transferts de joueurs de football, gladiateurs des temps modernes, héros, mais sans danger, des jeux du cirque, occupent tant les médias. Pourquoi, dans ce contexte, un tel cirque à la télévision?
Le sexe? Mais le public est désormais habitué aux exhibitions les plus intimes, jusque et y compris à un concours de pénis à une heure de large écoute. Le développement du Minitel rose ou des confessions intimes de tous genres correspond aux aspirations du jour et de la nuit. Le voyeurisme alimente l'Audimat. La curiosité malsaine et malveillante se joue des remparts souvent illusoires de la vie privée, y compris quand les premiers intéressés, en guise de célébrité, même éphémère, s'y prêtent avec complaisan